mercredi 22 octobre 2008

LIO FACE B

Une bulle de nostalgie pop et acidulée. Le premier album de Lio fut aussi le premier album que l'on m'offrit pour Noêl en 1980. J'avais huit ans et Lio à peine dix de plus mais qu'importe, une grande d'histoire d'amour commençait! Qu'est-ce qui m'avait conduit jusqu'à elle? Non pas le goût du banana split, plaisir exotique dont j'ignorais l'existence et le nom, mais plutôt ses mélodies dépressives comme "Amoureux solitaires" ou "Si belle et inutile" qui sont de la pure bijouterie musicale sertie par le talent du parolier Jacques Duvall. "La petite amazone" est aussi une ballade mystérieuse et sombre où les claviers synthétiques de la new-wawe française tissent une toile onirique où brillent des vers pleins de poésie suggestive. Je dirais même qu'une certaine philosophie esthétisante et désabusée, mais non exempte d'ironie et de pétillance, transpire de tout cet album qui a sûrement eu une grande influence sur le développement de ma personnalité...( cf. ce blog!)

Sélection d'aphorismes chantés par Lio, égérie de l'enfance:
"Moi je danse et/ d'autres gens meurent/ ça m'empêche pas de danser/ni eux de mourir d'ailleurs/ Qu'y a-t-il derrière/ les apparences/ ce que je ne vois n'a l'air/ que d'autres apparences." (Si belle et nutile)
"Un peu de beauté plastique/ pour effacer nos cernes/De plaisirs chimiques/Pour nos cerveaux trop ternes/ Que nos vies aient l'air d'un film parfait." ( Amoureux solitaires)
La grâce adolescente de cette lolita belgo-portugaise, sa moue, sa queue de cheval, ses mini-jupes fluorescentes ne pouvaient que séduire l'imaginaire d'un petit garçon de province confiné dans un quartier d'immigrés et entourées de petites romanichelles qui n'avaient rien à envier à l'insolence mutine de Lio. Sur le verso de l'album Lio apparaissait en petite tenue et à l'intérieur de la pochette on trouvait sur une feuille des habits à découper pour la parer à sa guise. S'exposer ainsi sur un support aussi populaire que la pochette d'un disque, me parut le comble de l'audace. Pour mon malheur, je crois que je ne pus jamais vraiment écouter le disque avec satisfaction complète car rapidemment les deux faces du vynil se retrouvèrent complètement rayées et l'écoute en devint impossible ( je souçonne encore quelque main féminine de la maison trop jalouse de ma nouvelle passion et cherchant à commettre un LIOcide!)
Depuis mon amour pour Lio s'est un peu tempéré... Je me souviens l'avoir aperçue à 22 ans quand je traînais au festival de Cannes. Elle était devenue une actrice intéressante et posait sur le capot d'une vieille voiture jaune avec un flic en uniforme! Je la pris en photo, mais n'eut pas le cran d'aller lui dire un mot gentil : toute ma passion enfantine s'était réveillée et je restai paralysé et tremblant d'émotions face à la petite amazone qui disparut parmi la foule de la Croisette.
Un jour dans un hôtel d'Arequipa au Pérou je trouvais sur les rayons de la bibliothèque du bar l'autobiographie de Lio "Pop modèle" qu'un touriste avait due abandonner. Peut-on imaginer pareille littérature dans un endroit si incongru? C'était encore un signe d'un amour impossible et perdu... Si je ne l'avais pas déjà lu avec grand intérêt un an auparavant, j'aurais probablement subtilisé le précieux ouvrage et remplacé par "A l'ombre des jeunes filles en fleurs" que j'avais emporté pour le lire en plein Machu Pichu.


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