dimanche 17 mai 2009

PRINCESSES POP DISPARUES

Les années 8o dont tous les trentenaires sont absurdement nostalgiques, m'ont surtout séduit pour leurs sonorités synthétiques, alors que l'on découvrait la musique électro à force de bidouillages sur claviers et boîte à rythmes. Ces sons métalliques, lasérisées, sortis d'ordinateurs première gamme ont à mes oreilles des accents juvéniles, ludiques qui sont en rapport direct avec cette étape de ma vie musicale. Lorsqu'ils sont mariés à des mélodies faciles et des strophes bien rimées parsemées de trouvailles métaphoriques, je craque! Et si en plus une égérie glamour ou inquiétante les chantonne avec un look underground à faire frémir ( de désir, de peur ou de ridicule!) alors on atteint vite l'extase sur l'échelle sismique de la pop music. Grâce au trésor inépuisable qu'est Youtube on peut remettre des visages et des images sur ces airs qui ont traversé de manière fulgurante les ondes de la FM. Des vidéo-clips pleins de fraîcheur et d'invention fait avec trois francs six sous viennent nous rafraîchir la mémoire et ressucite une adolescence , édulcorée et MTVisée, que pour rien au monde cependant on ne voudrait retrouver! A suivre une sélection de divas pop toutes éphémères, certaines clinquantes, d'autres obscures, toutes fascinantes.

Honneur aux francophones:

Jeanne Mas fut l'idole de mes 13 ans avant que je ne découvre Barbara dont elle était le brouillon glam-punk vite périmé et consummé dans le mauvais goût incompréhensible de la suite de sa carrière. Il n'y eut qu'une toute première et dernière fois pour aimer cette figure si déjantée et si variétoche, qui a fourni cependant des chansons magnifiques cachées dans ses deux premiers LP. Elle chantait cette semaine à l'Olympia, blonde! (trahison capillaire impardonnable) et reprenait son lassant "En rouge et noir" alors que la décristallisation stendhalienne a eu lieu depuis fort longtemps! Qu'importe, écoutez l'introuvable face B de "Toute première fois" le magnifique "Viens" que le barbarophile Matthieu Rosaz reprend superbement en version piano.

http://www.youtube.com/watch?v=mmh-zo-upn0

Mais le chef d'oeuvre de Jeanne Mas c'est la chanson de Musumara "Suspens" dont le thème au piano est d'une mélancolie obsédante et les paroles d'un dramatisme imparable. Je découvre le clip simplissime et très réussi où Jeanne conduit une décapotable dans la nuit romaine, très dolce vita eigthies. Laissez-vous séduire, tout comme le fut André Téchiné qui inclut cette chanson à son beau film sombre "Le lieu du crime" pour en faire le thème du personnage incarné par Deneuve.

http://www.youtube.com/watch?v=OxAQYdtZcN4


"A peine 21 ans" c'était le titre du bel album de Jil Caplan, look de Gavroche au féminin, voix à la Vartan, mélodies géniales de Jay Alansky, elle avait tout pour plaire et devenir "La charmeuse de serpents" qu'on a connue. Son succès "Nathalie Wood" rogne sur 1990, mais toute la "quintessence" des eighties y est : refrain attrape-coeur, arrangements synthétisés et imagerie pop garantie. la belle Jil continue une jolie carrière plus discrète mais ses fans de la première heure sont toujours là, (comme pour la plupart des princesses pops en disgrâce) !


http://www.youtube.com/watch?v=iQfiYBUnx3g&feature=related


Je ne parlerai pas ( formule de préterition) de l'îcone absolue (conne absolue, qui a osé?) Lio à laquelle j'ai déjà consacré un post , mais question de protocole, une photo et un lien s'impose pour l'Infante de la pop, survivante de tout, éternelle et nouvelle star du petit écran, quand on a la grâce et le cran et que sa vie est plus rocambolesque encore que ses chansons, on ne compte jamais pour une prune. Regardez ce clip "Sage comme une image" et comprenez la fraîcheur perdue et naïve de la musique populaire des années 80.


http://www.youtube.com/watch?v=WuS1lKnkUWo



Evoquer Lio me conduit à nommer sa suivante (aïe!), Elli Medeiros, consacrée par Daho, ressuciteur de vieilles gloires, comme la fondatrice du mouvement punk parisien. Cette belle émigrée Uruguayenne qui flirte aussi avec le cinéma d'Assayas ou Gaël Morel, est avant tout pour moi la craquante vocaliste du duo Elli et Jacno dont les rengaines hyper synthétiques comme "Le téléphone" ou "Main dans la main" ont bercé mes dix ans. Je vous laisse admirer le déhanchement fatal et dangereux de la belle en jambes Medeiros. Quelle bégueule irrésistible! J'ai eu l'avantage de l'applaudir et la saluer l'an dernier dans un festival de Buenos-Aires où elle se produisait en rockeuse reliftée et sur-cocainée sur des airs de néo-punk et reggae-rap qui étaient loin de la starlette exotique de "A bailar calypso". Enfin une vraie dingue de 50 balais qui envoie voler la poussière!


http://www.youtube.com/watch?v=Fq_7dbaQ4QA&feature=related


Dans la droite ligne des météores propulsés dans l'oubli, je me souviens de la belge Jo Lemaire, charismatique figure de la scène new-wawe electro de Bruxelles au début des années 80 et qui avec son allure de dandy androgyne et sa voix gutturale à la Annie Lenox chantait un hymne noctambule qui trotte encore dans ma tête " La nuit te ressemble". La rythmique et les arrangements sont purement artificiels, ce qui marié à des vers saturniens crée une petite musique à la Verlaine, un peu fade mais qui s'insinue facilement en vous.

http://www.youtube.com/watch?v=vU7pQ-O--Os&feature=related

Mais la plus diva underground de toutes c'est la belle et grande Sapho, la première à faire du Raï et de l'électro arabisante avant tous, la seule " punk, rockeuse, new-wawe, world music, poétesse et chanteuse néo-réaliste" entre toutes, maintenue dans un clair-obscur médiatique car trop originale, trop bizarre, trop ethnique, trop inquiètante avec ce nom auréolé de lesbianisme et cette aura de beauté baudelairienne sortie du ghetto oriental. Sapho grande passion de mes 15 ans avec laquelle je finis par danser sur scène dans une MJC du Vaucluse, à la fin d'un récital où j'avais traîné mes parents! (et j'avais même ramassé en vrai fétichiste une "invisible" tombée de la chevelure moutonnant jusqu'à l'encolure de la très chère, la très belle, la très chantante Sapho!!)

http://www.youtube.com/watch?v=L44wN7rszNM&feature=related




Le lien video est pourri mais la chanson "Carmel" est une des plus fortes, des plus entraînantes, et Sapho est dans un état de transe télévisuelle hallucinant avec ses effets de cape et sa frange peroxydée! Impayable! Ce genre de folie est exactement ce que je demande à une artise de variété. La femme absolument anti-naturelle et explosive sortie des fleurs du mal post-punk!Elle explique tout cela dans l'interview qui suit, cette extravagante impossible à banaliser!



http://www.youtube.com/watch?v=Lxl9W0C01WA&feature=related

Où êtes-vous princesses pop?

Enfuies comme l' adolescence?

Vous êtes reines mais au top

de cinquante ans d'extravagance.

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