vendredi 15 mai 2009

VILLA MUY MALA



Ne pouvant voir le film de Jacquot avec l'inévitable Huppert en dépressive bégueule de service (non je l'aime aussi!) je me console avec le roman de Quignard, "Villa Amalia". Ce Quignard qui m'avait conquis avec son magnifique "Le sexe et l'effroi" réflexion poétique sur l'éros antique et son envoûtant "Vie secrète" me déçoit ici et m'ennuie profondément.
Ce récit languissant d'une quadragénaire déçue par son mari qui décide de s'échaper de sa vie, de s'escamoter dans une fuite existentielle me semblait être la porte ouverte à une réflexion sur le dépouillement, la quête de l'essentiel jusqu'à l'anéantissement complet. Rien à voir. On a droit a une narration qui traîne, s'enlise dans des descriptions "sensorielles" de paysages et de climats pour donner une charge poètique très artificielle à ce qui n'est finalement pour le lecteur qu'une série de faits et gestes prosaïques: vente, liquidation, démagement, voyage, achats de fringues, hôtels et restaurants (menu fourni!). Cet alignement de platitudes correspond probablement à une volonté de transcrire le matérialisme de nos petites existences engluées dans les choses dont on ne se déferait vraiment jamais. Une villa sur une île napolitaine, comble du boboïsme déguisé en retraite spirituelle, devient seulement pour quelques chapitres la réponse à cette recherche de soi.


Quignard qui versait si subtilement dans le mysticisme et la métaphysique réduit ici son art à roman peau de chagrin. Certes il ya de jolis passages, sur la musique, l'amour, la filiation, la nature etc... mais tout est décoratif comme ces meubles que la protagoniste vend ou achète selon ses fuites ou ses installations. Sans parler des incursions furtives dans des thématiques graves mais hétéroclitement traitées comme la maternité par procuration, le lesbianisme, le sida, la mort de la mère, les retrouvailles avec le père etc... Tout cela tiendrait dans une si petite Villa? Quel "cafard-naüm"!
En gros je n'ai rien compris aux intentions de l'auteur que j'attendais du côté de la quête de transcendance et qui me raconte une tranche de vie de petite bourgeoise artiste qui se paie une escapade de luxe avant d'être rattrapée par son passé. Est-ce une manière de dire que de nos jours il n'est plus de salut possible dans un ailleurs ou un au-delà? Que nous sommes condamnés à changer de villa si nous espérons autre chose? Qu'on m'éclaire sur la question.


En tout cas je vois déjà quel genre de film prétentieux et vide, accessoirisé de profondeur factice ( panoramas méditéranéens, musique érudite, aphorismes quignardesques et mine glaciale de la Huppert...) le Jacquot a dû produire. Si seulement j'avais tort!


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