vendredi 25 septembre 2009

JEAN DESBORDES, UN EROS CONFIDENTIEL



"Héros confidentiel" dit de lui Claude Arnaud, le remarquable biographe de Cocteau, pour avoir eté torturé et fusillé par la Gestapo en 1944. Mais le nom de Jean Desbordes évoque surtout celui d'un écrivain fulgurant, précocement tombé dans l'écriture, la Résistance et l'oubli. La réédition aux Cahiers Rouges de son oeuvre phare "J'adore" est pour moi l'occasion de le lire enfin.



On sait qu'il grandit dans le cadre bucolique de la forêt de Fontainebleau et que les attraits de la nature l'inspireront jusqu'à faire de lui un "sauvage à l'état mystique" pour renverser la formule de Claudel sur Rimbaud. De lui, on se souvient aussi qu'il prêta son visage au jeune homme inquiètant du film "surréaliste" de Cocteau, "Le sang d'un Poète", titre qui dans le cas de Desbordes prend une vraie dimension visionnaire et tragique.



"J'adore", titre, cri, prière, célébration...Cet ensemble de textes écrits à 20 ans sous la tutelle de son parrain et amant Jean Cocteau, mal remis de la mort de Radiguet, constitue un ensemble disparate mais séduisant. Entre les "Nourritures terrestres" de Gide pour la ferveur,le panthéisme radieux et l'écriture érotique et virile d'un Genet ayant pris la clef des champs, voici ce recueil au registre parfois naïf, souvent lyrique, toujours sincère.

EXTRAIT:

"J'attends les autres.
Ils diront: "Qu'avez-vous? Vous avez de la peine? Je vous aime, soyez tranquille...Vous êtes content?" Ils ne montreront pas qu'ils sont bons, mais ils montreront de l'amour. [...] Magnifiques et silencieux, ils viendront combler les vides, agrandir les coeurs, hausser la vie sans savoir ce qu'ils font, ce qu'ils aiment; et puis ils iront se faire les lignes de la main. Ils diront: " je vais essayer de tout comprendre. jJe voudrais tant vous obliger! Avec tellement d'amour, je pense bien en donner un peu..." Ce seront les plus beaux garçons de la terre
."

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