dimanche 28 février 2010

UNE SEULE ISABELLE



Alors qu'une certaine Isabelle gesticule pathétiquement sur la scène de l'Odéon dans "Un tramway" n'inspirant aucun désir, la seule et véritable Isabelle du cinéma et du théâtre français est couronnée aux Césars pour un rôle à mille lieues de la diva à laquelle on veut souvent la réduire.

Du bon côté, Adjani, actrice aux multiples visages, aux interprétations nuancées, à la voix juste et éloquente tant dans sa diction que dans ses engagements, actrice qui a choisi l'émotion et ses débordements et qui calcule si mal son plan de carrière au point de disparaître des écrans...
Et en face depuis 40 ans, Huppert, avec sa même tête inexpressive et son jeu volontairement faux et désabusé quand il ne verse pas dans les coups de gueule, sa froideur et son carriérisme implacable, son minimalisme monotone, invariable qui est presque un refus de jouer qu'on salue comme un trait de génie...
L'hyper-actrice Adjani et l'anti-actrice Huppert, la romantique et l'analytique. Deux aspects inconciliables de la femme française peut-être ?



En 1979 Téchiné les réunissait dans "Les soeurs Brönte". Le destin tragique de cette famille d'artistes a donné un film austère et beau comme la lande de leur pays protestant.





Adjani y est incandescente et farouche quand Huppert se tient dans l'ombre avec sa face figée et blasée et ses répliques consenties sur un air de dégoût.




C'est un Téchiné académique comme un peintre proposant des images d'une grande beauté de composition et de teintes dans des séquences au romantisme sombre et glacé comme les hauts de Hurlevent. Pascal Grégory essaie de faire de son mieux avec le talent qu'il a et celui qu'on lui prête... Marie-France Pisier est Charlotte l'autre grande figure de la famille et le film se termine sur elle aux côtés de l'inattendu Roland Barthes dans un rôle de figuration à l'opéra.


Une des premières séquences confronte les deux soeurs magnifiquement :
(Minute 6 du lien vidéo suivant)

http://www.youtube.com/watch?v=CgOM4Vneh2g&feature=related





La petite Huppert trouve que le houx est "une plante humble et triste et banale" s'autodéfinissant à la perfection comme actrice.
Isabelle Adjani piètine un rosier sauvage en fleurs qui symbolise l'amour, "qui n'a qu'un temps de floraison. Je le méprise et je le piétine. Je crache sur l'amour et sur sa vanité!"
L'une joue et incarne les contradictions de l'âme romantique, l'autre essaie de suivre...

Voilà ce soir j'ai décidé d'en finir avec la Huppert, la petite teigne aux cheveux rouges, (même si elle a su me convaincre dans pas mal de films), et je me range dans les plis de la robe d'azur et d'or d'Isabelle la grande.

1 commentaire:

St Loup a dit…

Je vois le divorce maintenant...